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Michel Bonnier, La vie simple à Ruffigné à la veille de la Révolution de 1789

Voici la vie de la communauté rurale surtout paysanne de Ruffigné, présentée dans la seconde moitié du 18e siècle. Ce n’est pas une histoire née de l’imagination, mais un texte qui puise aux documents d’archives, et plus précisément, pour l’essentiel, aux actes de notaires. Michel Bonnier, un gars de Ruffigné, a fureté parmi des centaines de sources d’archives, pendant plus de quatre décennies, pour nous offrir de succulentes tranches de vie de notre région à la veille de la Révolution de 1789. Né à Ruffigné, notre auteur connaît en profondeur son territoire, d’autant mieux qu’à chacun de ses pas, pourrait-on dire, il y colle un texte notarial.

Voici donc des séquences de vie qui s’incrustent dans les terroirs et les personnages de Ruffigné. Pendant cinquante ans, tout semble s’organiser autour de deux personnages-clés : le recteur Charles Pineaud et son compère le notaire Julien Lemaître. Le curé a le premier rôle, et pas seulement religieux, car à cette époque, à côté des sermons, les proclamations pendant les offices à l’église concernent la vie politique, sociale et personnelle de la communauté ruffignolaise. Ce recteur exerce sa prêtrise avec son église et sa cloche, ses chapelles rurales, ses biens d’église à gérer, et ses écheveaux bien complexes de relations sociales qui mêlent le religieux au quotidien des gens.

Voilà pourquoi les histoires des dîmes rejoignent les affaires seigneuriales et les impôts, si importantes pour la vie des Ruffignolais. Derrière tout ceci se cachent la prospérité pour une petite minorité de notables et la misère qui guette chaque jour le plus grand nombre. Les actes notariés sont féroces pour les plus misérables dont les maigres biens sont vendus sans pitié et jettent les dépossédés à la rue, à la merci d’un petit travail bien hypothétique à trouver. Et que dire des enfants orphelins qui sont loués ? Ce temps-là était très rude.

Demeure, omniprésent dans la vie de la communauté, le troisième grand personnage de cet ouvrage : la forêt de Teillay, avec ses braconniers et ses gardes-chasses, sous la vigilance des officiers du prince de Condé. Au creux de ces pages forestières vivent les moines du couvent de Saint-Martin de Teillay. Après la débâcle révolutionnaire de 1791, un de ses moines n’est-il pas le premier instituteur public de la première école publique de Ruffigné ?

Et puis, pour le bonheur des histoires gauloises, le fil des jours de cette communauté est pimenté de belles chicanes et d’aussi belles bagarres !  Il faut vous l’avouer, les habitants de Ruffigné sont des chicaniers de belle pointure et ils savent tirer les cheveux ! Cette dimension apporte du sel à ce livre !

C’est de l’histoire simple, racontée simplement. De ce temps-là, Michel Bonnier rapporte aussi un langage typique de ce petit pays, c’est l’une des richesses de ce livre.

Christian Bouvet