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Geoffroy V et la création de l’hôpital de la Trinité

Geoffroy V, seigneur baron de Châteaubriant, naît en 1216. En 1233, il succède à son oncle Geoffroy IV qui avait déjà adopté de nouvelles armoiries : des fleurs de lys d’or sans nombre sur fond de gueules (rouge). Il se marie deux fois, avec Sibille de Bretagne et de Pordic en premier mariage, puis après la mort de Sibille, il se remarie en 1236 avec Aumur de Thouars. Il accompagne Saint-Louis en croisade, et il revient très vite en France après la capture du roi à la bataille de la Mansourah les 8-9 février 1250. S’il est prisonnier en Égypte, ce n’est que quelques semaines puisqu’il est à Melleray le 20 août 1250 où il fait un don aux moines.

En août 1252, Geoffroy V fonde l’établissement des Trinitaires à Châteaubriant, confirmé par son testament de 1262. Cette fondation est-elle en rapport avec la croisade ? L’installation de cet ordre mendiant par un seigneur est alors unique en Bretagne : en ce sens, elle pourrait être en rapport avec un rachat après une hypothétique captivité, mais elle est certainement plus encore en rapport avec l’action générale des Trinitaires.

Geoffroy V fonde une elemosina, c’est-à-dire une aumônerie, un hôpital. Ce mot qui figure dans les deux textes relatifs à cette fondation, est conforme au statut des Trinitaires qui sont des religieux hospitaliers. La maison des Trinitaires à Châteaubriant compte une résidence, un hôpital/hospice et une église/chapelle, afin de recevoir les malades, les pauvres et les voyageurs qui y trouvent le réconfort de la charité. Geoffroy V de Châteaubriant suit en cela l’exemple de l’aumônerie ou hôpital Saint-Jean à Angers qu’il connaît bien. Une forte rente annuelle est accordée aux religieux : 200 livres à prendre sur les revenus de deux forges que Geoffroy a dans ses forêts de Juigné et de Teillay (selon le texte de fondation de 1252) ou tout simplement sur les revenus de ces deux forêts (selon le testament en 1262). L’acte de Geoffroy est donc un acte de piété et de charité.

Sceau et contresceau de Geoffroy V en 1247, 75 mm de diamètre, Arch. Nat.

Cette fondation s’explique aussi par le contexte général de l’essor urbain et économique de l’époque. À Châteaubriant, l’implantation des Trinitaires marque un seuil franchi dans la voie de l’urbanisation. Le bourg castral prend les traits d’une ville, avec sa chapelle Saint-Nicolas, sa halle, sa ceinture plus ou moins fortifiée de murailles, et maintenant l’hôpital. Celui-ci est implanté entre le vieux pôle paroissial de Béré et la ville castrale, centre des affaires et du développement de la population. L’hôpital de la Trinité recueille aussi les corps des seigneurs de Châteaubriant, de Geoffroy V en 1263 à celui de Françoise de Foix en 1537.

Christian Bouvet, Châteaubriant au Moyen Âge, 2015.